La face cachée du mercato: la comptabilité s’en mêle !
La période estivale est bien installée, nous vous proposons, dans cet article, de traiter d’un sujet qui déchaine les passions lors de la période estivale : le marché des transferts.
Nous n’allons pas ici vous révéler où signera Paul Pogba, ni qui sera le futur entraineur des Girondins de Bordeaux.
Mais nous allons vous expliquer comment les clubs font les comptes au moment d’acheter les pépites de demain à coup de millions d’euros.
I. Mercato et fair-play financier
Le marché des transferts est constitué d’une ou plusieurs périodes, qui permettent aux clubs d’échanger, acheter, prêter ou vendre des joueurs.
Le marché des transferts le plus connu est sans doute le « mercato » (marché en italien), surnom donné au marché des transferts de football, qui se réparti en deux périodes : une hivernale et une estivale.
Les achats et ventes des joueurs stars déchainent les passions alors que les montants records se succèdent depuis que Cristiano Ronaldo a signé au Réal Madrid pour la somme astronomique de 94 M€. (en 2009)
Plus récemment, un invité surprise a remis la comptabilité au centre du jeu : le fair-play financier. Le fair-play financier avait pour objectif de forcer les clubs à équilibrer leur ratio recettes / dépenses des clubs. Dépenser oui, mais pas sans compter. Une belle idée donc, mais perfectible, car elle tendait à maintenir en place la hiérarchie des clubs déjà établie. Les jours du fair-play financier semblent désormais comptés. Pourtant, les supporters eux restent parfois plus attentifs aux dépenses de leur club que les dirigeants eux-mêmes.
II. Le piège du fair-play financier
De nombreux fans de football se sont laissés piéger par cette règle, et c’est compréhensible. Comment expliquer que le PSG ou Manchester City dépensent sans compter année après année sans sanction aucune. La réponse est dans la comptabilité !
Prenons un exemple : Paris a acquis K. Mbappé pour 145 M€, selon Transfertmarkt.fr. Il s’est engagé en juillet 2018 pour une période de 4 ans, soit jusqu’en juillet 2022. Pour simplifier les calculs, nous ne retenons que les années, pas les jours ou mois.
L’erreur courante est de considérer que l’achat de 145 M€ représente ainsi immédiatement pour le PSG une charge d’un montant équivalent sur l’exercice 2018, puis rien sur les exercices suivants. La règle pour une entreprise n’est pas la même que pour un particulier quand il achète une maison par exemple.
En effet, un joueur de football acquis auprès d’un autre club est comptablement considéré comme un actif et l’indemnité de transfert est donc immobilisée (article 613-1 du Plan Comptable Général). Un footballeur professionnel répond aux principales caractéristiques de cette catégorie :
- Etre facilement identifiable ;
- Etre détenu sur une période donnée, à savoir la durée de son contrat ;
- Il génère des avantages économiques futurs pour son club.
Comme son acquéreur est une entreprise, le coût du transfert est réparti sur la durée du contrat. C’est ce qui s’appelle un amortissement comptable.
III. Plus ou moins value à la sortie ?
Au final, la question qui intéresse les supporters pour leur club favoris est souvent de savoir si une vente est une bonne ou une mauvaise affaire.
Continuons avec notre exemple :
Supposons que l’attaquant vedette du PSG, quitte Paris pour le Réal Madrid en juillet 2021.
Comptablement le joueur aurait une valeur de 36,25 M€ pour le club. Ce montant est obtenu en considérant qu’il reste au joueur une année de contrat, soit un quart de sa valeur initiale (145 M€).
- Si le PSG vend le joueur pour 100 M€, il constatera une coquette plus-value de 63,75 M€.
- Si le PSG vend le joueur pour 10 M€, il constatera une moins-value de 26,25 M€.
- Selon le même raisonnement, si le PSG garde le joueur et qu’il part libre à la fin de son contrat, alors le club ne gagnera, ni ne perdra d’argent.
Vendre un joueur moins cher qu’on ne l’a acheté n’est donc pas une mauvaise affaire au sens comptable. Cela n’est simplement pas comparable.
Il est donc important de bien distinguer la valeur comptable du joueur du simple calcul prix de vente – coût d’acquisition, qui ne vaut que pour les opérations personnelles, comme l’achat d’une résidence principale, ou d’une voiture, par exemple.
L’équipe DEC